Bea Bonafini
« Quiver, Quake »
Prenant comme point de départ la formation des cristaux de quartz dans les Alpes, l’oeuvre de Bea Bonafini aborde le vide comme espace de transformation.
C’est à l’intérieur des fissures de roches granitiques, appelées « fours », soit grâce à des failles ou béances dans les entrailles de la Terre, qu’a été créé le cristal de roche. Il y a plusieurs millions d’années, après l’apparition puis la disparition de l’océan Téthys et le soulèvement des Alpes, les roches ont commencé à refroidir et sont devenues cassantes ; la pression a alors chuté, entraînant un appel d’eau. Le symbole minéral des Alpes est né de cette rencontre entre liquide et roche.
En nous transportant à l’époque de la naissance des Alpes, Bea Bonafini intègre le temps long comme matériau. Pour cette oeuvre conçue spécialement pour Artocène, durant sa résidence au Refuge du Tour grâce à un partenariat avec le Club Alpin Français (FFCAM), elle a ainsi voulu combiner les techniques de la tapisserie et du patchwork, travaux d’aiguille considérés comme « de patience », et a choisi d’utiliser comme matière première des chutes textiles de l’entreprise Fusalp, replaçant ainsi les matériaux dans un large cycle de réemplois.
Toute en longueur et couleurs, la tapisserie dessine un paysage « en coupe » qui rappelle la stratification des sédiments dans les roches, parfois schématisés par les géologues sous la forme de blocs de couleurs glissant les uns sur les autres ou se chevauchant. De par son aspect fluide et vibrant, cette pièce fait aussi parfaitement écho aux thèmes chers à l’artiste, tels que la nature mystique ou la puissance du féminin.
Taking as a starting point the formation of quartz crystals in the Alps, Bea Bonafini’s work approaches the void as a space of transformation.
It is inside the cracks of granitic rocks called «ovens», either thanks to faults or gaps in the bowels of the Earth, that rock crystal was created. Several million years ago, after the appearance and then the disappearance of the Tethys ocean and the uplift of the Alps, the rocks began to cool and became brittle; the pressure then dropped, resulting in a water call. The mineral symbol of the Alps was born from this encounter between liquid and rock.
By transporting us to the time of the birth of the Alps, Bea Bonafini transforms “long time” as a material. For this work designed especially for Artocene, during her residency at the Refuge du Tour thanks to a partnership with the Club Alpin Français (FFCAM), the artist wanted to combine the techniques of tapestry and patchwork, needlework considered «of patience”, and chose to use as raw material textile offcuts from the company Fusalp, thus replacing the materials in a wide cycle of reuse.
All in length and colour, the tapestry draws a landscape «in section» which recalls the stratification of sediments in the rocks, sometimes schematized by geologists in the form of blocks of colours sliding on each other or overlapping. With its fluid and vibrant appearance, this piece also perfectly echoes the themes dear to the artist, such as the mystical nature or the power of the feminine.
Quiver, Quake, Bea Bonafini, 2023, produite en résidence pour Artocène 2023, en partenariat avec le FFCAM, © Julien Gremaud
Quiver, Quake, Bea Bonafini, 2023, produite en résidence pour Artocène 2023, en partenariat avec le FFCAM, © Julien Gremaud
Ulla von Brandenburg
« Sweet Feast »
L’installation d’Ulla von Brandenburg, intitulée Das, Was, Ist, est une invitation à concevoir le vide comme une dimension autorisant la traversée, le passage d’une réalité à une autre.
Nourrie de références au théâtre, aux arts du cirque et à l’architecture, l’artiste déploie ici son intérêt pour le textile, matériau souple et léger, fréquemment utilisé en scénographie pour sa capacité à créer des murs temporaires ou des structures molles, tout en conservant un aspect charnel et protecteur.
De vastes pans de tissus colorés, au milieu desquels une large ouverture circulaire a été réalisée, sont suspendus dans les airs et disposés de manière à ce que les trous soient légèrement décalés les uns par rapport aux autres et laissent entrevoir les pans situés plus loin – qui seraient sans cela restés occultés - parvenant à créer une profondeur et un rythme. Le motif de la spirale est esquissé, suggérant rotation et vertige.
La percée dans chacun des pans de tissu n’apparaît alors pas comme un seul retrait de matière mais comme une véritable entreprise de révélation, qui favorise le mouvement et encourage les transitions.
Ulla von Brandenburg’s installation, entitled Das, Was, Ist, is an invitation to conceive the void as a dimension allowing crossing, the passage from one reality to another.
Nourished by references to theatre, circus arts and architecture, the artist deploys here her interest in textiles, a flexible and light material, frequently used in scenography for its ability to create temporary walls or soft structures, while maintaining a carnal and protective aspect.
Large sections of coloured fabrics, in the middle of which a large circular opening has been made, are suspended in the air and arranged so that the holes are slightly offset from each other and allow a glimpse of the sections located further on – that would otherwise have gone unnoticed - managing to create depth and rhythm. The spiral motif is sketched, suggesting rotation and vertigo.
The breakthrough in each of the sections of fabric does not then appear as a single withdrawal of material but as a real enterprise of revelation, which promotes movement and encourages transitions.
Sweet Feast, Ulla von Brandenburg, 2018, © Julien Gremaud, Artocène 2023
Sweet Feast, Ulla von Brandenburg, 2018, © Julien Gremaud, Artocène 2023
Quiver, Quake, Bea Bonafini, 2023, produite en résidence pour Artocène 2023, en partenariat avec le FFCAM, © Julien Gremaud
Bea Bonafini
« Quiver, Quake »
Prenant comme point de départ la formation des cristaux de quartz dans les Alpes, l’oeuvre de Bea Bonafini aborde le vide comme espace de transformation.
C’est à l’intérieur des fissures de roches granitiques, appelées « fours », soit grâce à des failles ou béances dans les entrailles de la Terre, qu’a été créé le cristal de roche. Il y a plusieurs millions d’années, après l’apparition puis la disparition de l’océan Téthys et le soulèvement des Alpes, les roches ont commencé à refroidir et sont devenues cassantes ; la pression a alors chuté, entraînant un appel d’eau. Le symbole minéral des Alpes est né de cette rencontre entre liquide et roche.
En nous transportant à l’époque de la naissance des Alpes, Bea Bonafini intègre le temps long comme matériau. Pour cette oeuvre conçue spécialement pour Artocène, durant sa résidence au Refuge du Tour grâce à un partenariat avec le Club Alpin Français (FFCAM), elle a ainsi voulu combiner les techniques de la tapisserie et du patchwork, travaux d’aiguille considérés comme « de patience », et a choisi d’utiliser comme matière première des chutes textiles de l’entreprise Fusalp, replaçant ainsi les matériaux dans un large cycle de réemplois.
Toute en longueur et couleurs, la tapisserie dessine un paysage « en coupe » qui rappelle la stratification des sédiments dans les roches, parfois schématisés par les géologues sous la forme de blocs de couleurs glissant les uns sur les autres ou se chevauchant. De par son aspect fluide et vibrant, cette pièce fait aussi parfaitement écho aux thèmes chers à l’artiste, tels que la nature mystique ou la puissance du féminin.
Taking as a starting point the formation of quartz crystals in the Alps, Bea Bonafini’s work approaches the void as a space of transformation.
It is inside the cracks of granitic rocks called «ovens», either thanks to faults or gaps in the bowels of the Earth, that rock crystal was created. Several million years ago, after the appearance and then the disappearance of the Tethys ocean and the uplift of the Alps, the rocks began to cool and became brittle; the pressure then dropped, resulting in a water call. The mineral symbol of the Alps was born from this encounter between liquid and rock.
By transporting us to the time of the birth of the Alps, Bea Bonafini transforms “long time” as a material. For this work designed especially for Artocene, during her residency at the Refuge du Tour thanks to a partnership with the Club Alpin Français (FFCAM), the artist wanted to combine the techniques of tapestry and patchwork, needlework considered «of patience”, and chose to use as raw material textile offcuts from the company Fusalp, thus replacing the materials in a wide cycle of reuse.
All in length and colour, the tapestry draws a landscape «in section» which recalls the stratification of sediments in the rocks, sometimes schematized by geologists in the form of blocks of colours sliding on each other or overlapping. With its fluid and vibrant appearance, this piece also perfectly echoes the themes dear to the artist, such as the mystical nature or the power of the feminine.
Quiver, Quake, Bea Bonafini, 2023, produite en résidence pour Artocène 2023, en partenariat avec le FFCAM, © Julien Gremaud
Sweet Feast, Ulla von Brandenburg, 2018, © Julien Gremaud, Artocène 2023
Ulla von Brandenburg
« Sweet Feast »
L’installation d’Ulla von Brandenburg, intitulée Das, Was, Ist, est une invitation à concevoir le vide comme une dimension autorisant la traversée, le passage d’une réalité à une autre.
Nourrie de références au théâtre, aux arts du cirque et à l’architecture, l’artiste déploie ici son intérêt pour le textile, matériau souple et léger, fréquemment utilisé en scénographie pour sa capacité à créer des murs temporaires ou des structures molles, tout en conservant un aspect charnel et protecteur.
De vastes pans de tissus colorés, au milieu desquels une large ouverture circulaire a été réalisée, sont suspendus dans les airs et disposés de manière à ce que les trous soient légèrement décalés les uns par rapport aux autres et laissent entrevoir les pans situés plus loin – qui seraient sans cela restés occultés - parvenant à créer une profondeur et un rythme. Le motif de la spirale est esquissé, suggérant rotation et vertige.
La percée dans chacun des pans de tissu n’apparaît alors pas comme un seul retrait de matière mais comme une véritable entreprise de révélation, qui favorise le mouvement et encourage les transitions.
Ulla von Brandenburg’s installation, entitled Das, Was, Ist, is an invitation to conceive the void as a dimension allowing crossing, the passage from one reality to another.
Nourished by references to theatre, circus arts and architecture, the artist deploys here her interest in textiles, a flexible and light material, frequently used in scenography for its ability to create temporary walls or soft structures, while maintaining a carnal and protective aspect.
Large sections of coloured fabrics, in the middle of which a large circular opening has been made, are suspended in the air and arranged so that the holes are slightly offset from each other and allow a glimpse of the sections located further on – that would otherwise have gone unnoticed - managing to create depth and rhythm. The spiral motif is sketched, suggesting rotation and vertigo.
The breakthrough in each of the sections of fabric does not then appear as a single withdrawal of material but as a real enterprise of revelation, which promotes movement and encourages transitions.
Sweet Feast, Ulla von Brandenburg, 2018, © Julien Gremaud, Artocène 2023